Si l’impact du changement climatique et des facteurs anthropiques sur la zone côtière d’Afrique centrale n’est pas uniforme, un nouveau rapport technique de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO identifie des défis communs et appelle à une approche coopérative et un cadre unifié pour lutter contre la vulnérabilité côtière dans la région.
Le Rapport technique de la COI sur l’état de vulnérabilité côtière des pays d’Afrique centrale donne un aperçu de la capacité d’adaptation de la région à travers une méthodologie analytique, écosystémique et centrée sur l’être humain, et propose six voies de résilience pour faire face à la vulnérabilité côtière dans les sept pays étudiés*. Il se fonde sur les résultats de l’atelier technique organisé du 5 au 7 novembre 2019 à Libreville (Gabon) avec le soutien de la République gabonaise et des Bureaux du Gouvernement de la Suède.
État des lieux de la vulnérabilité côtière en Afrique centrale
Du fait de la situation géographique spécifique des régions côtières, en tant que zone de transition entre les milieux terrestre et marin, les populations – qui dépendent directement ou indirectement des ressources et services qu’elles fournissent pour assurer leurs moyens de subsistance et la stabilité de l’économie – s’y sont toujours concentrées.
La bande côtière d’Afrique centrale abrite des secteurs économiques extrêmement importants comme la pêche, le tourisme, l’agriculture, l’énergie et le transport maritime qui se trouvent menacés par l’érosion, les inondations, la pollution, l’élévation du niveau de la mer et le développement urbain, entre autres. Face à l’augmentation prévue des aléas et risques côtiers due aux facteurs de stress socioéconomiques et à la variabilité du climat, et si aucune stratégie de résilience n’est mise en œuvre, les communautés côtières de la région pourraient éventuellement subir des impacts et des coûts élevés.
Dans ce contexte, pour que les populations et écosystèmes côtiers résistent aux menaces – qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine – le rapport soutient qu’il est impératif de prendre des décisions complexes qui tiennent non seulement compte des répercussions du changement climatique, mais aussi de la croissance démographique, de l’industrialisation, de l’urbanisation, du progrès technologique, des habitudes de consommation, de l’évolution des comportements, de la culture, des valeurs et des traditions.
Divers instruments politiques et juridiques régionaux, suprarégionaux et internationaux reconnaissent déjà la nécessité d’une gestion intégrée et durable des zones côtières africaines, qui fournissent également des avantages aux pays sans littoral. Ainsi, le rapport considère que les défis ne peuvent être traités durablement que si les diverses politiques nationales et sectorielles et l’application des législations en vigueur sur l’environnement sont placées sous un même cadre.
Pistes de résilience
Afin d’explorer les mesures ambitieuses et systèmes de transformation qui doivent être mis en œuvre pour pouvoir s’adapter aux pressions humaines et climatiques, six pistes relevant à la fois de la société, de l’environnement et de l’économie ont été proposées pour atteindre la résilience dans les sept pays de la région :
- Consolider le pouvoir, renforcer les réseaux d’experts, développer les capacités, donner davantage la parole aux communautés et promouvoir le partage d’informations
- Élaborer une stratégie globale capable de concrétiser les déclarations en faveur de la résilience climatique
- Adapter l’économie à la nouvelle réalité climatique
- Faire avancer la mise en œuvre des programmes juridiques et politiques relatifs à la résilience climatique
- Renforcer le régionalisme et l’identité biorégionale
- Aligner et développer les infrastructures scientifiques et techniques en soutien aux processus décisionnels
Appliquées au développement durable, ces pistes de résilience ont pour but de fournir des conseils pratiques en faveur de 1) l’ouverture des processus politiques par le biais de délibérations et de négociations participatives, et 2) la création de mécanismes à long terme visant à assurer un avenir de résilience climatique pour la région grâce à une coopération transfrontalière et une approche régionale centrafricaine en matière de gestion des ressources côtières.
Le rapport conclut que des instruments politiques de gestion écosystémique tels que la gestion intégrée des zones côtières (GIZC) ou la planification de l’espace marin (PEM) peuvent contribuer à mettre en œuvre les pistes recommandées. En effet, ces outils offrent la possibilité de coordonner une large gamme de parties prenantes à travers divers secteurs et niveaux de gouvernance, et ceci dans un contexte local, national et régional.
Le Rapport technique sur l’état de vulnérabilité côtière des pays d’Afrique centrale est également disponible en anglais.
L’atelier technique de Libreville (Gabon) et le rapport technique sont des contributions de l’Afrique et d’experts africains à la Feuille de route conjointe de la COI-UNESCO/Commission européenne pour accélérer les processus de PEM dans le monde, et à la phase préparatoire de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030). Ils soutiennent également la mise en œuvre des cibles fixées dans l’Objectif de développement durable 14 du Programme à l’horizon 2030 des Nations Unies.
* Angola, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo et Sao Tomé-et-Principe
PLUS D’INFORMATIONS :
MSP Roadmap
CONTACT :
Alejandro Iglesias Campos, Spécialiste de programme de la COI-UNESCO (a.iglesias-campos@unesco.org)