Dans le cadre du séminaire en ligne organisé le 24 juin 2020 pour son projet pilote en Méditerranée occidentale, MSPglobal a réuni plus de cent participants (56% d’hommes ; 44% de femmes) pour partager les expériences de l’Algérie, de l’Espagne, de la France, de l’Italie et du Maroc en matière de développement de la planification de l’espace marin (PEM) et d’économie bleue durable.
M. Samir Bachouche (Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l’aquaculture, Algérie) a mentionné que l’Algérie est en train de finaliser sa Stratégie nationale sur l’économie bleue à l’horizon 2030 en coopération avec l’Union européenne. Certains des secteurs économiques les plus importants du pays sont liés aux activités maritimes : le tourisme, la pêche, le transport et la protection de l’environnement, avec des investissements de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Les avantages liés au développement de l’économie bleue en Algérie touchent à la création d’emplois (en particulier pour les jeunes), au développement des énergies renouvelables ainsi qu’à la préservation des ressources naturelles face au changement climatique et à l’acidification de l’océan. La PEM peut constituer l’un des piliers de la réalisation de ces objectifs grâce à son processus participatif visant à construire une vision intégrée et commune entre les différents acteurs.
Mme Sagrario Arrieta (ministère de la Transition écologique et du Défi démographique, Gouvernement espagnol) a souligné que, selon le Rapport 2020 sur l’économie bleue de l’UE, l’Espagne est le premier contributeur à l’économie bleue de l’UE en matière d’emploi, avec près de 945 000 d’emplois générant plus de 32,7 milliards d’euros de valeur ajoutée brute (2018). Lancé en 2010, le processus de PEM en Espagne a permis de dresser un état des lieux et de produire des cartes pour les secteurs de l’aquaculture, de la pêche, des câbles et pipelines, du pétrole et gaz, et du transport maritime.
Mme Arrieta a ensuite expliqué comment l’Espagne a développé ses objectifs de PEM en s’appuyant sur les objectifs sectoriels déjà existants des utilisateurs privés et publics de la mer. Ceci a été rendu possible grâce à l’engagement des parties prenantes par le biais de réunions avec les secteurs et d’ateliers dans le cadre de projets. Il reste cependant encore beaucoup à faire, en particulier au niveau local, pour s’assurer que toutes les personnes impliquées puissent envoyer leurs commentaires et suggestions sur le processus de PEM.
M. Ludovic Schultz (Secrétariat général de la mer, Gouvernement français) a présenté la Stratégie nationale pour la mer et le littoral de la France (2017), qui s’appuie sur quatre priorités dont le développement de l’économie bleue durable. La façade méditerranéenne française se caractérise par une population de plus de 7 millions d’habitants, dont plus de 70% vivent dans une bande de 50km de la côte, et une très forte concentration et diversité d’activités économiques, dont : la pêche artisanale, l’aquaculture, la construction et l’entretien de navires civils et militaires, le nautisme de plaisance (1/4 de la flotte de yachts dans le monde est basée sur la Côte d’Azur), le tourisme, la plaisance ainsi que les activités portuaires et logistiques.
Suite à un large processus de consultation, un document stratégique de façade pour le bassin méditerranéen a été adopté en novembre 2019 afin de concilier le développement de l’économie bleue et la protection des écosystèmes marins. Il comprend un état des lieux et une cartographie des enjeux économiques et environnementaux régionaux ; des objectifs pour le développement des activités économiques et la restauration du milieu marin ; ainsi qu’un plan d’actions pour atteindre ces différents objectifs.
En Italie, l’économie bleue représente 880 000 emplois (3,5 % du nombre total d’emplois) et 8,5 % de la valeur ajoutée brute totale (directe et indirecte). Après avoir présenté les différentes composantes de la PEM dans son pays, le Dr Andrea Barbanti (Conseil national italien de la recherche – Institut des sciences marines) a précisé les six phases du processus de préparation et les trois régions marines identifiées pour sa mise en œuvre (Adriatique, Ionienne – Méditerranée centrale, Tyrrhénienne).
Le processus tient également compte de multiples échelles : par exemple, la région marine adriatique de l’Italie a été divisée en neuf sous-zones (six dans les eaux territoriales et trois sur le plateau continental). Cela implique une approche multisectorielle à plusieurs niveaux pour définir la vision et les objectifs stratégiques du processus de PEM, avec la participation des parties prenantes tant au niveau global des régions marines qu’au niveau local. En outre, des plans sectoriels au niveau national et régional sont envisagés pendant la phase de préparation en vue de les intégrer au plan de l’espace marin et de promouvoir leur évolution harmonieuse dans le cadre de la PEM en Italie.
M. Aomar Bourhim (ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, Gouvernement marocain) a expliqué l’approche tridimensionnelle du Maroc en matière de questions marines et côtières : le capital naturel (patrimoine naturel, ressources naturelles, espace maritime et côtier), le capital produit (capital financier, infrastructures et services) et le capital humain (connaissances et savoirs, culture et patrimoine, gouvernance, lois et institutions). En outre, grâce à sa position stratégique (détroit de Gibraltar et port de Tanger Med) ainsi qu’à une nouvelle génération de ports, à la construction de marinas et à l’aménagement de baies et de lagunes, entre autres, le pays est devenu l’un des leaders dans le domaine de la connectivité maritime en Afrique.
M. Bourhim a également décrit un certain nombre d’initiatives marocaines liées à la PEM et à l’économie bleue : la création de trois aires marines protégées à des fins de pêche, la stratégie de développement de la pêche HALIEUTIS basée sur l’efficacité, la compétitivité et la durabilité, la création de l’Agence nationale de développement de l’aquaculture et le lancement de l’initiative Blue Belt.
Les cinq représentants nationaux ont fait les recommandations suivantes pour améliorer l’intégration efficace et durable des processus de PEM et d’économie bleue au niveau du bassin maritime :
- Promouvoir et intégrer différentes stratégies et technologies pour faciliter les politiques existantes ;
- Utiliser le retour d’expérience des pays de la rive nord de la Méditerranée pour soutenir le développement des processus dans les pays de la rive sud ;
- Identifier les défis communs dans la région, par exemple, la vulnérabilité environnementale du milieu marin, les défis liés aux processus socio-écologiques, l’importance des communautés locales, le changement climatique ;
- Promouvoir le transfert et le partage d’informations ainsi qu’une base de connaissances sur la PEM entre les États côtiers de la Méditerranée afin de mieux relier la science et la politique ;
- Améliorer la gouvernance, les programmes et les mécanismes horizontaux avec les secteurs ;
- Saisir les opportunités offertes par la coopération régionale et internationale via des projets communs pour renforcer la collaboration entre les pays (par exemple, l’initiative WestMed, l’initiative MSPglobal, l’initiative BlueMed, le projet MSP-MED, etc.)
Les participants ont également été invités à partager leurs propres recommandations, celles-ci peuvent être consultées dans le document « Résultats des sondage » ci-dessous.
DOCUMENTS :
La PEM en Méditerranée occidentale
Résultats des sondages
PLUS D’INFORMATIONS :
Projet pilote de MSPglobal en Méditerranée occidentale
CONTACT :
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